Stockage du carbone L’Inra met en évidence le rôle positif des prairies
Les écosystèmes terrestres ont un rôle majeur dans l'évolution de la concentration atmosphérique en gaz à effet de serre. En Europe, ils piègent environ 10 % des émissions de CO2 à travers la photosynthèse puis l'accumulation du carbone dans la matière végétale et la matière organique du sol. Mais ils constituent aussi une source de méthane émis notamment par les ruminants domestiques, et d'oxyde nitreux produit par les sols agricoles et les effluents d'élevage. Des chercheurs de l'Inra ont étudié le rôle des prairies, comme sources ou puits de gaz à effet de serre, dans un contexte de changement climatique. Les résultats indiquent un stockage de carbone par les prairies et un bilan net de gaz à effet de serre proche de la neutralité.
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On sait depuis une dizaine d'années que les forêts constituent un puits (absorption nette) et les cultures une source (émission nette) de gaz à effet de serre. Mais les prairies qui occupent un quart du territoire européen présentent-elles une activité de source ou de puits de gaz à effet de serre ? Le projet européen GreenGrass (2002-2004) coordonné par l'Inra, et rassemblant 18 laboratoires de 9 pays européens a permis de répondre à cette question en mesurant et en modélisant les flux de gaz à effet de serre de sites prairiaux et de fermes d'élevage, et en évaluant la contribution nette des prairies européennes à l'effet de serre.
Etude expérimentale |
Les prairies de moyenne montagne en France, puits de carbone
Les prairies pâturées étudiées à Laqueuille stockent en moyenne de 0,7 à 1 tonne de carbone par hectare et par an, avec un stockage plus fort en gestion intensive qu'en gestion extensive. Toutefois, ce résultat est modifié par la prise en compte des flux de gaz à effet de serre autres que le CO2, une fois corrigés par leur pouvoir radiatif respectif et exprimés en "équivalent CO2" (C-CO2).
L'émission de méthane par les bovins au pâturage compense en grande partie ce stockage par des émissions de 0,4 à 0,8 tonnes équivalent C-CO2, sensiblement proportionnelles au chargement animal. Le rôle des émissions de N2O dans ce site est mineur mais ces émissions sont 5 fois plus fortes en gestion intensive qu'en gestion extensive. Au total, le bilan net de gaz à effet de serre indiquait une activité de puits plus élevée (0,1 à 0,3 tonnes équivalent C-CO2) en prairie extensive qu'en prairie intensive.
Des résultats similaires pour les prairies européennes
Dans les autres sites du projet européen GreenGrass, des résultats similaires ont été obtenus mais avec des contrastes liés au climat et au mode de gestion : en moyenne, les prairies étudiées représentent un puits de 2,4 tonnes de carbone par hectare et par an. Toutefois, une grande partie du carbone est stockée de façon temporaire (comme les fourrages récoltés).
Les effets à long terme du réchauffement seront différents de ceux observés à court terme, du fait des changements de végétation. (© Web-agri) |
Effet de la vague de chaleur de l'été 2003 : passage à une activité de source de carbone pour les prairies
La canicule observée en Europe durant l'été 2003 a permis de faire des mesures dans des conditions climatiques exceptionnelles, avec des températures estivales supérieures de 3 à 5°C à la moyenne et une pluviométrie réduite de moitié par rapport à la moyenne des mesures directes effectuées en Europe depuis 1850.
Les sites prairiaux étudiés ont montré une réduction significative des émissions de N2O et, dans les sites les plus affectés par la sécheresse, un passage d'une activité de puits à une activité de source de CO2.
Les chercheurs étudient désormais l'effet à long terme du changement climatique. Cette expérience, fournira les premières réponses concernant l'adaptation de la prairie au climat que nous connaîtrons d'ici 50 à 80 ans et sa capacité à maintenir une fonction de puits de gaz à effet de serre dans un climat modifié.
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